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PAR LES FEMMES.

défendu de faire son ami. Ces gens, en effet, reniés bien souvent par ceux-mêmes dont ils portent et salissent le nom, et n’ayant plus de leurs frères cette austère et farouche vertu qui aide à supporter dignement l’adversité, ne craignent pas, pour servir de honteux intérêts et pour satisfaire leurs tristes passions, de frayer avec n’importe qui. Mais néammoins, ils conservent pour tout ce qui est étranger à leur caste une répulsion secrète et instinctive, sentiment, hélas ! qui peut être admirable chez des hommes supérieurs et indépendants, mais qui n’est que ridicule quand il se rencontre chez de misérables fantoches, seulement gonflés d’une gloire qu’ils sont trop enclins à croire héréditaire, et lorsqu’il est engendré par la peur, le mépris ou la jalousie.

Dès que Jacques Dubanton eut compris le dédain que dissimulaient les égards qu’on avait pour lui, une rage sourde commença de bouillonner dans son cœur. Lui qui croyait avoir conquis le monde, il voyait maintenant devant lui deux fractions bien distinctes de la société : la classe décadente, cette aristocratie aveulée, qui semble n’avoir été faite que pour jouir, qui, comme les courtisanes, fréquente indistinctement tous ceux qui sont