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PAR LES FEMMES.

nesse — monde de l’armée et de la vieille magistrature — il fut reçu froidement, car on n’ignorait pas ce qu’il était, ce qu’il avait été, et il jugea prudent de n’y point retourner : là, le canard se serait fourvoyé milieu de cygnes.

Tout d’abord, il ne s’en froissa pas et même il en rit :

— Tous ces vieux barbons qui jouent aux pères conscrits romains, toutes ces femmes à bonnet et ces petites filles qui ont des nattes dans le dos et des airs ingénus, sont peu divertissants. L’austérité n’a jamais été mon fort !

Et il se jeta, tête baissée, dans la société du duc de Valcerte. Il y fut accueilli à bras ouverts. On l’entoura, on le flatta, on organisa des fêtes en son honneur. Un instant, Jacques crut avoir atteint son but, mais à la longue ses illusions tombèrent : il devina que c’étaient ses millions et non sa personne que l’on courtisait. Si quelques marquis et quelques ducs dégénérés affectaient avec lui des airs de bonne camaraderie, tout au fond de leur cœur, ils le méprisaient, ils le haïssaient, ils le tenaient pour un intrus doré, dont il est permis de gratter l’or, mais dont il est