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PAR LES FEMMES

III

La maison que dirigeait avec une fermeté sans pareille Mme Adélaïde Grandgoujon, veuve d’un officier supérieur, comme elle se plaisait à le répéter, était occupée, à l’époque où Jacques Dubanton s’y installa, par cinq pensionnaires, qu’il nous faut présenter au lecteur. C’étaient d’abord les demoiselles Brisart, deux vieilles filles à cheveux d’argent, qui étaient sœurs et avaient été institutrices : la cadette était aussi petite et aussi efflanquée que l’aînée était volumineuse et boulotte. Toutes deux portaient lorgnon, avaient un air fort distingué et n’ouvraient jamais la bouche à table, si ce n’est pour demander du pain, ou pour rectifier une date ou rétablir un fait, quand d’aventure la conversation s’égarait sur le terrain de l’histoire. Elles avaient, disait-on, amassé quelques sous, et s’étaient retirées chez Mme Adélaïde, dont la nièce avait été autrefois l’amie intime d’une