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PAR LES FEMMES.

comme une vague tristesse. Il avait jusqu’ici vécu à sa guise, libre, comme hors la société, et il lui semblait que le mariage, le premier acte régulier qu’il eût signé, lui faisait perdre son indépendance, le liait, l’embrigadait dans le troupeau des hommes, désormais confondu avec eux, soumis comme eux aux lois dont il se riait jusqu’alors. Il alla même jusqu’à regretter ce qu’il avait fait : il n’en avait jamais vu les conséquences si clairement qu’en ce jour. Il avait maintenant une femme sur les bras, bientôt peut-être il aurait une famille, et il se voyait déjà la proie des soucis domestiques qu’il ne connaissait pas, lui, le grand aventurier, qui n’avait jamais aimé qu’une maîtresse, la liberté !

Mais peu à peu ses regrets disparurent. il se souvint que le mariage ne devait pas être pour lui un but, mais un moyen. Il allait entrer dans le monde, et il continuerait de marcher en avant, plus indépendant que jamais.

— D’ailleurs, pensa-t-il, elle m’aime : je ferai d’elle ce que je voudrai. Qui sait même si, au lieu d’être un impedimentum, elle ne m’aidera pas !

Et déjà germaient dans sa cervelle les plus épouvantables combinaisons.