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PAR LES FEMMES.

empourprées faisant sur ses joues pâles comme des roses pourpres sur de l’ivoire. Un murmure sympathique court sur son passage ; quelques exclamations saillissent de-ci de-là : « Qu’elle est jolie ! — On dirait une reine. — Elle est divine ! »

Son père marche nerveusement : tantôt son pas est lent, tantôt il le précipite, et les muscles de son visage tressaillent à tout instant : il n’a pas dormi de la nuit. Aussitôt après avoir consenti à cette union scandaleuse et voyant sa fille rétablie, il a regretté sa faiblesse. Jusqu’au dernier moment, il espérait bien qu’un événement quelconque se produirait qui rendrait ce mariage impossible. L’événement ne s’est pas produit : le mariage a lieu.

On dirait, à le voir marcher courbé, qu’il porte sur ses épaules le poids de la honte qu’il devrait inspirer. Il n’ose lever les yeux, craignant de lire sur tous les visages, non pas le mépris, — ses richesses l’en préservent — mais l’ironie.

Derrière lui vient Jacques Dubanton. Il crâne. D’un regard conquérant, dominateur, il parcourt la foule. Sa démarche est assurée, ses moindres gestes sont étudiés.