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PAR LES FEMMES.

traquée, jusqu’à une petite chapelle, où Jacques l’attendait en se promenant les mains derrière le dos. Il s’arrêtait, lui souriait de loin, lui prenait les mains qu’il baisait passionnément et lui relevait délicatement sa voilette noire au travers de laquelle on apercevait l’éclat de ses yeux. Ils demeuraient tous deux quelques instants sans rien dire, leurs regards confondus. Et puis il l’attirait tout au fond de la chapelle. En passant devant la statue de la Vierge qui était sur l’autel, elle s’inclinait légèrement. Ils s’asseyaient alors, et bientôt montait, dans le silence de ce coin retiré, un murmure confus, comme un gazouillis d’amour. Peu à peu, leurs têtes l’une vers l’autre s’inclinaient. Jacques glissait un bras par derrière la taille de la jeune fille, mais elle se reculait :

— Oh ! non… non !… murmurait-elle, pas ici !… soyez convenable !…

Et ses yeux rencontrant ceux de la Vierge de marbre, elle se cachait, honteuse, la tête dans ses mains.

Mais lui s’obstinait : elle se défendait encore un peu et puis cédait enfin, et cette sorte de profanation du lieu saint éveillait tout à coup en elle une jouissance étrange, inconnue,