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PAR LES FEMMES.

sur ses pas avant d’avoir sonné à la porte ; ce n’est pas que le courage lui manquât de se trouver en présence de Barnesse, mais il craignait de n’être point reçu, et d’être ainsi contraint de mettre à exécution ses projets de vengeance : il aimait mieux patienter.

Huit jours s’étaient écoulés, quand un après-midi, le coupé de M. Barnesse s’arrêta devant le rez-de-chaussée de la rue Murillo. C’était la première fois que le député venait chez Dubanton. Celui-ci le reçut aimablement, cherchant à deviner sur son visage les dispositions qu’il apportait.

Barnesse paraissait, non point accablé, ni coléreux comme on l’aurait pu croire, mais plein de sang-froid, alerte, joyeux même.

La conversation longtemps fut frivole. Le vieux parlait avec volubilité, sans souffler, sans même laisser à son interlocuteur le temps de lui répondre. Au reste ce qu’il disait ne comportait pas de réponse. Dubanton le regardait, l’examinait curieusement et se demandait si cette faconde intarissable ne dissimulait pas quelque piège.

— Ha, ça !… pensait-il, a-t-il l’intention de m’endormir ?… veut-il me noyer dans un flot de paroles ?… Quel roublard ! Mais j’ai