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PAR LES FEMMES.

— Écoute, ma Janette, tu veux savoir ce que c’est, cet homme !… Tu veux que je te dise pourquoi tu ne peux pas l’épouser ! Eh bien ! écoute !… Il est ce qu’on appelle un chevalier d’aventures. Fils de paysan, c’est une fille qui l’a lancé. Il a eu dix, vingt maîtresses !… Il en a encore !… Il se moque de toi !… Comprends-tu bien maintenant pourquoi tu ne peux pas l’épouser !…

Or, il advint que ce langage produisit l’effet contraire à celui qu’en attendait Barnesse. L’homme que lui représentait ainsi son père, Jane le voyait, beau, fier, brave, adulé, courtisé. Son amant, c’était maintenant à ses yeux comme un héros de roman. C’était un de ces hommes extraordinaires, à qui la fortune sourit, qu’elle comble de ses faveurs, favori de la gloire et du succès. Et ce n’est point du mépris, mais de l’orgueil, qu’elle éprouva à la pensée que Jacques, ce Don Juan au charme mystérieux duquel mille femmes n’avaient pu résister, qu’elles désiraient toutes, allait lui appartenir, l’avait choisie pour partager sa vie d’aventures.

Elle se leva et cette fois, avec une sorte de fierté, elle répondit :

— Je l’épouserai !