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PAR LES FEMMES.

— Tu veux savoir ?… s’écria-t-il d’une voix rauque. Eh bien !… c’est un usurier, moins qu’un usurier, un courtier d’affaires véreuses ! As-tu compris, maintenant !

— un usurier ?… Un courtier d’affaires véreuses, répétait Jane. Vous connaissez donc de ces gens-là ?

Pour la seconde fois, Barnesse sentit le terrain se dérober sous ses pieds. Il comprit qu’il lui était maintenant impossible de biaiser.

Seulement il chercha à s’excuser :

— Oui. J’ai dû avoir recours à lui, pour certaines affaires d’argent. C’est comme ça, dans la vie. On est quelquefois obligé de fréquenter des gens de rien… comme ce Dubanton.

Il s’embarrassait, faisait de grands gestes, parlait avec difficulté. Jane l’observait attentivement. Tout d’un coup elle eut comme une intuition de ce qu’était son père, elle se rappela certains faits, les rapprocha, en tira des conséquences. Elle comprit tout, mais son respect filial l’emporta sur le mépris. Elle se refusa de juger son père : même il lui était si pénible de l’entendre essayant de justifier sa conduite qu’elle l’interrompit :