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PAR LES FEMMES.

Jane, tout ce qu’ils firent, ces héros, dont les récits merveilleux charmèrent vos insomnies, tous les exploits invraisemblables qu’ils accomplirent, tout cela je l’aurais entrepris, audacieux insensé, parce que je vous aime !

Les yeux à demi fermés, elle l’écoutait, haletante d’émotion, le cœur en feu. Elle avait abandonné les rênes qui flottaient sur l’encolure de son cheval.

— Oh ! murmura-t-elle, moi aussi, mon beau chevalier, je vous aime !…

— Jane !… vous serez ma femme, n’est-ce pas ?…

— Oui.

Elle lui tendit la main. Ivre de joie, il la prit, la porta à ses lèvres : la jeune fille eut un frisson et pâlit.

Ils étaient seuls : ce matin-là, le domestique ne les avait pas accompagnés. Jacques se pencha, entoura de son bras la taille de Jane : il voulut l’attirer à lui. Elle le repoussa doucement. Comme un cavalier venait d’apparaître au détour de l’allée, il n’insista pas, mais à l’éclat inaccoutumé dont brillèrent les yeux de la jeune fille, Jacques comprit qu’il n’avait plus qu’à vouloir, qu’elle était à lui, tout entière à lui.