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PAR LES FEMMES.

— Peut-être, murmura-t-elle.

— Est-il vrai ? Oh ! Jane, que le ciel vous entende.

— Chut !… fit-elle.

— Voudriez-vous m’empêcher de parler, maintenant que vous m’y avez autorisé ?

— Non… seulement… l’endroit est peut- être mal choisi…

— Pour vous dire, Jane, que je vous aime, que je vous adore !… Non, non !…

— Taisez-vous !… si quelqu’un nous voyait !

Mais lui ne voulait rien entendre :

— Oui, je vous aime, Jane, et personne désormais ne m’empêchera de vous le dire. Depuis le jour où je vous vis pour la première fois, je compris que nos destinées étaient communes. Vous m’étiez apparue comme un de ces êtres étranges que chantent les poètes, qu’on voit danser en ronde sur les grèves, par les nuits claires, qui s’évanouissent dans les premiers rayons de l’aube pour remonter au ciel. La douceur de votre voix, plus douce que les soupirs d’un zéphyr printanier dans les bois renaissants, la légèreté de vos pas qui me semblaient à peine effleurer le sol, vos regards tout imprégnés du vague de l’infini, le mystère dans lequel