Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
219
PAR LES FEMMES.

tout joyeux. Il embrassait sa mère et l’on se mettait à table, maîtres et serviteurs.

Quelquefois aussi, et pour se distraire, il décrochait son fusil et partait à la chasse. Que de souvenirs d’enfance il cueillait alors dans ses promenades à travers champs ! Tout le passé, le passé heureux, lui revenait à l’esprit. Il lui semblait seulement qu’il avait fait un mauvais songe, d’où il était sorti.

Le soir, après le souper, le jeune homme prenait dans une armoire un gros livre relié en parchemin jauni. C’était un livre d’heures. Il lisait à haute voix, tandis que la vieille mère raccommodait le linge. À la vérité, il ne lisait que pour elle, car il avait peu de goût pour ces lectures spirituelles. Peu à peu, cependant, il s’y habitua, et l’intérêt qu’il apportait alors dans ces lectures saintes était si grand, qu’elles se prolongeaient parfois jusqu’à une heure fort avancée de la soirée. Il oubliait sa fatigue et lisait toujours. La vieille s’endormait, souriante, sur son ouvrage, et la chute du dé ou des ciseaux rappelait au jeune homme qu’il fallait se coucher.

Cinq mois s’écoulèrent ainsi, cinq mois de paix et de bonheur.

Hélas ! On dirait qu’en ce bas monde, la