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PAR LES FEMMES

Cette fois, ce n’était plus seulement à son oreille, à son esprit que ces vers s’adressaient ; ce fut son cœur qui vibra sous un souffle nouveau, quand ces paroles, s’échappant de ses lèvres, tombèrent, harmonieuses, dans la nuit grandissant :

Lorsqu’au déclin du jour, assis sur la bruyère,
Avec un vieil ami, tu bois en liberté,
Dis-moi, d’aussi bon cœur lèverais-tu ton verre,
Si tu n’avais appris le prix de la gaieté ?

Aimerais-tu les fleurs, les prés et la verdure,
Les sonnets de Pétrarque et le chant des oiseaux,
Michel-Ange et les arts, Shakespeare et la nature,
Si tu n’y retrouvais quelques anciens sanglots !

Comprendrais-tu des cieux l’ineffable harmonie,
Le silence des nuits, le murmure des flots,
Si quelque part, là-bas, la fièvre et l’insomnie,
Ne t’avaient fait songer à l’éternel repos.

Des larmes, mais des larmes d’une douceur infinie, lui jaillirent des yeux. Il les avait enfin compris, ces vers immortels du poète des Nuits : il les avait enfin compris, parce qu’il avait vécu, parce qu’il avait souffert, parce qu’il avait pleuré !

Debout dès l’aube, Jacques se rendait aux champs avec les gens de la ferme. Il les dirigeait et les aidait. Il ne revenait à la maison qu’à l’heure de la soupe, ayant grand faim et