Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
PAR LES FEMMES.

prenait ce qu’avait de honteux l’existence qu’il avait menée. Il semble que l’atmosphère des villes ne soit point pareille à celle des campagnes, et que dans celle-ci, plus pure et plus limpide, les pensées en s’envolant se purifient. Que de fois, à la vue des forêts qui s’étendent, drapées dans leur majesté d’émeraude, à la vue des plaines infinies où le regard se perd, à la vue de la mer immense dont la vague acharnée hurle sans relâche, que de fois devant ces spectacles magnifiques, notre cœur, comme enivré d’espace, s’est dilaté ! Avec une sorte d’effroi, nous avons été tout à coup frappés de la vanité et de la vilenie de nos actions, de nos efforts et de leur but, et nous nous sommes alors écriés, en levant nos bras vers l’azur du ciel, que dérobent à nos yeux de citadins les toits et les fumées de nos villes : Cela seul est beau !… Cela seul est grand !…

Ainsi pensait Jacques. Son passé maintenant, quand il s’y reportait, lui soulevait le cœur de dégoût et il éprouvait le besoin impérieux de se retremper l’âme.

Si la vanité des « grands » succès, qu’il avait remportés, le faisait maintenant sourire de pitié, les moindres incidents de sa vie nouvelle le touchaient et l’attendrissaient. Il res-