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VI

Le soleil étincelait dans un ciel d’azur, un soleil qui dardait sur le sol nu des rayons de plomb. Les cigales babillardes emplissaient l’air en feu de leur chanson stridente. Sur la grand’route, qui, blanche et droite, filait à travers la plaine dénudée, jusqu’au village, une vieille femme s’acheminait péniblement, appuyée sur l’épaule d’un beau et grand jeune homme, qui paraissait la traiter avec toutes sortes d’égards.

Et celui-ci, tout en évitant les cailloux de la route, disait à la vieille qui branlait la tête :

— Ma chère maman, je sais maintenant la valeur d’une affection comme la tienne. J’ai vécu trop longtemps dans un monde où tout n’est que calcul et mensonge, où l’homme est trop habitué à se défier de celui qu’il rencontre pour jamais s’abandonner à lui. Oh ! si tu savais comme cela fait du bien ;