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PAR LES FEMMES.

Mais Jacques ne l’écoutait pas.

— C’est le châtiment du ciel ! Dieu me refuse le pardon de mon père !

La mère Dubanton venait de saisir son fils par le bras :

Jacques, s’écria-t-elle, effarée, vois donc comme il te regarde !…

En effet, le moribond avait les yeux grands ouverts et les fixaient sur le jeune homme. Celui-ci, glacé de terreur par ce regard fixe et terne, qui semblait ne pas voir, ou voir trop loin, ce regard de l’autre monde, se cacha les yeux avec ses deux mains.

Mais le visage du vieux venait de s’éclairer :

— C’est toi, fit-il. C’est toi ! Ah ! t’es un brave garçon !… J’avais si peur de ne point te revoir.

— Mon père ! s’écria Jacques, et il se jeta au pied du lit.

— T’es un brave garçon ! répéta le vieux.

Quelques minutes s’écoulèrent dans un profond silence. Le curé le rompit :

— Père Dubanton, dit-il, Jacques qui reconnait ses fautes et qui s’en repent, veut avoir votre pardon et votre bénédiction.

Le vieux sourit. Il étendit, en tremblant, la main.