Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
PAR LES FEMMES.

d’un remords, mais cette douleur avait toujours été brève, étouffée, aussitôt que née, par l’agitation ambiante. Peu à peu, l’oubli s’était fait, qui avait enseveli jusqu’aux moindres souvenirs du passé. Et tout à coup, voilà qu’un événement cruel brisait brutalement le rêve où il était plongé, le rappelait à la réalité. On venait lui dire que son père était mourant, qu’il était le meurtrier de son père. La vérité, qu’il avait écartée de lui, se dressait tout d’un coup devant ses yeux, dans toute son horreur. Sa conscience s’était émoussée, mais son cœur était resté intact.

— Allons, fit le curé qui l’avait relevé, viens ! Nous allons partir : il y a un train dans une heure. Si nous pouvons le prendre, le bonhomme te verra peut-être. Mais il n’y a pas de temps à perdre.

— Et maman ? interrogea le jeune homme.

— Ta pauvre mère aussi, tu l’as bien fait souffrir. Elle est malade, mais elle sera si contente de te revoir, que la santé lui reviendra. Oh ! que je suis donc heureux !… Tu comprends, je leur ai promis de te ramener, et je te ramène !

Et le bon vieux prêtre, à son tour, laissa