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PAR LES FEMMES.

les mains, ne doutant pas d’y réussir. Y avait-il une femme qui fut capable de lui résister, à lui, le héros brillant de tant d’aventures galantes. Toute femme sur laquelle il avait jeté son dévolu était à lui.

À dire vrai, cette confiance en soi et cette superbe assurance avaient été un peu ébranlées par l’attitude de Jane Barnesse. Était-elle fière ? Sa manière de saluer, de regarder, le fait de ne point prendre part à la conversation, semblaient l’indiquer. N’était-ce que de la froideur ? L’indifférence avec laquelle elle avait accueilli les politesses de Jacques permettait de le supposer. Fierté ou froideur n’était faite, ni l’une ni l’autre, pour faciliter la tâche du jeune homme, qui, peut-être, se fût sur-le-champ découragé et eût abandonné ses projets, si, après avoir réfléchi, il n’avait estimé qu’il était fou de s’alarmer : la fierté ou la froideur apparente de Jane ne devait être en réalité que de la timidité ; or, une jeune fille timide est plus sensible souvent et plus facile à ensorceler que la plupart de ces flirteuses rusées qui, pour avoir l’air tout en surface, n’en sont pas moins impénétrables. Mais Jacques, profond observateur et fin psychologue, dédaigna cette traduction du carac-