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PAR LES FEMMES.

rues plus étroites et désertes. Il roula longtemps encore, lentement, monotonement.

Jacques que commençaient d’impatienter la longueur du chemin et l’allure trop modérée de l’antique équipage, allait traduire ses sentiments au cocher, qui s’affaissait sur son siège de plus en plus et semblait endormi, quand la voiture s’arrêta tout d’un coup, brusquement, devant une porte vitrée, ornée de carreaux jaunes, rouges et bleus, en forme de carrés, de rectangles et de losanges. Sur le seuil, une grosse femme, qui avait sur les épaules un châle de cachemire, des papillottes tout autour de la tête et qui paraissait de fort méchante humeur, était très occupée à gourmander d’une voix criarde une servante, plus maigre qu’un vendredi de carême et plus longue qu’un jour sans pain.

En voyant Jacques descendre de voiture, elle abandonna la pauvre fille, qui s’esquiva aussitôt, et, les mains sur les hanches, elle attendit, tout en le toisant et en le dévisageant, que le jeune homme l’abordât. Celui-ci, qui avait tout de suite, d’après le portrait qu’on lui en avait fait, reconnu dans la dame à châle et à papillottes, la maîtresse de la