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PAR LES FEMMES.

vague, mystérieuse et douce l’envahit, cette émotion que doit éprouver le prêtre en pénétrant dans l’enceinte sacrée interdite aux profanes. Sans doute, ce n’était pas encore le monde qu’il avait devant lui, mais c’en était quelque chose, comme le temple où il se réunissait. Les salles historiques ne conservent-elles pas toujours, aux yeux du visiteur, un peu de la majesté des grandes scènes qu’il devine s’y être déroulées.

D’ailleurs, la pièce dans laquelle Jacques venait de pénétrer était bien faite pour favoriser cette impression. Elle était immense et sombre, meublée d’après le style moyen âgeux. Une grande cheminée de pierre en décorait le fond. Il y avait quatre hautes fenêtres à vitraux, sur lesquels étaient représentés des chevaliers bardés de fer ou en tenue de Cour, de nobles dames coiffées de hennins infinis, ou des châtelaines sur de blanches haquenées, le faucon au poing, des saints à visages austères et des vierges en extase. Des sièges à grands dossiers sculptés étaient disséminés çà et là sur un tapis qui étouffait le bruit des pas. Au centre, une vaste table de chêne. Au plafond, couraient et s’entrecroisaient, à angle droit, d’épaisses solives peintes en rouge et