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PAR LES FEMMES.

rien ne pouvait assouvir les appétits, finit par se lasser d’une situation qui tout d’abord lui avait semblé incomparable. Pour cet homme, le changement était une nécessité ; il lui fallait sans cesse monter, s’élever davantage vers la fortune et les honneurs. Après avoir conquis le demi-monde, il rêvait maintenant de faire son entrée dans le monde. Intelligent comme il l’était, profond observateur, il voyait clairement les difficultés auxquelles il se heurterait, mais cela ne faisait qu’exciter son désir.

La manière dont on le traitait, dont on lui parlait, et qui d’abord l’avait rempli d’orgueil, parce qu’il l’avait confondue avec le respect, l’irritait maintenant. On admirait ses chevaux, le matin, au Bois ; on copiait la coupe de ses vêtements qui était impeccable ; on lui serrait la main aux courses, au théâtre, et puis l’on disait derrière lui : « Il est bien attelé, il est bien mis, c’est un charmant garçon. Quel dommage que ce soit une fripouille »

Jacques Dubanton voyait bien tous les jours, à tout instant du jour, qu’il n’était pas traité à l’instar d’un homme du monde. Aussi une rage sourde grondait en lui. Il eût voulu renverser cette société dont il ne pouvait fran-