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PAR LES FEMMES.

Aimé par la plus belle fille de France, objet des convoitises de toutes les autres, roulant sur l’or, il devint bientôt un roi de la noce. Il éblouissait par son luxe, captivait par son esprit, étourdissait par sa verve intarissable. Il plaisait, il enjôlait.

— Ce garçon, disait Barnesse, c’est une sirène.

Jacques Dubanton rompit avec sa vie passée et abandonna le droit. Il n’écrivit plus que rarement à sa famille, prétextant qu’il était très occupé. Les vieux trouvèrent d’abord cela tout naturel ; ils allaient répétant, joyeux : << Notre fieu travaille dans une grande banque. C’est maintenant un « monsieur », et il travaille tant et tant, le pauvre cher enfant, qu’il n’a point même le temps de nous écrire ! » Mais quand ils virent l’été se passer sans nouvelles de leur fieu, leur joie tomba et leur front tout à coup s’obscurcit. Ils ne parlaient plus, le soir, au coin de l’âtre, mais ils se comprenaient. Un jour, la mère Dubanton, ne pouvant plus retenir ses larmes, s’écria :

— Ah ! mon pauvre homme, je crois bien que nous avons eu tort de laisser partir le petit. Voilà déjà qu’il nous oublie et notre curé dit que, dans la Babylone, y a des tas de