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PAR LES FEMMES.

que nourrissait le bonhomme à l’égard de Jacques Dubanton.

Dès le lendemain de l’arrivée de Jacques dans la maison Adélaïde, Crapulet s’était informé discrètement de la condition du provincial et de sa situation de fortune. Il avait appris que le nouveau ne disposait d’aucun bien personnel. Ce n’était donc pas un garçon à fréquenter ; il ne le fréquenta pas. Mais bientôt il s’aperçut que le jeune homme, à défaut d’argent, avait du moins de l’intelligence, qu’il avait le verbe facile, que pour un campagnard il était bien dégourdi. De plus, il remarqua qu’il était ambitieux, très ambitieux. Crapulet eut alors une idée : il était jaloux de Berckem, son collègue, qui gagnait beaucoup plus dans « le grand monde » que lui dans le pays latin et qui jouissait des faveurs du « patron ». Depuis longtemps déjà, il s’était promis de lui susciter un rival, mais il n’avait pas encore trouvé le personnage rêvé qui fùt capable de détrôner Berckem, quand il pensa que Dubanton était plus apte que quiconque à servir d’instrument à sa rancune. Il signala l’étudiant à Barnesse, lui dit qu’il était intelligent, beau parleur, joli garçon, qu’il réussirait certainement et