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PAR LES FEMMES.

attendant l’heure de le réaliser, il amassait l’argent qui lui était nécessaire pour prêter au duc de Valcerte et doter dignement sa duchesse. Et voici comment le brigand s’y prenait.

Il vous est arrivé sans doute de voir sur les boulevards, à la terrasse des cafés, à l’heure de l’absinthe, dans les bars, dans les restaurants à la mode, dans les théâtres et les promenoirs de musics-halls, dans les salles de jeu, bref partout où s’amuse la jeunesse, de ces hommes élégamment habillés qu’on prendrait parfois pour de grands seigneurs s’ils avaient la précaution de ne remuer, ni de parler, car leurs manières, leurs gestes et leur langage ont bientôt fait de désillusionner. Ils fréquentent les gens du monde, mais ne sont point des leurs. Ce sont des courtiers d’affaires louches, corbeaux voraces vivant des dépouilles d’autrui, gens sans le sou, sans dignité et sans scrupules. On les voit, toujours à l’affût des noceurs décavés, qui cherchent de l’argent : au besoin les femmes, qui sont leurs précieux auxiliaires, les leur indiquent. Ils s’enquièrent de leur solvabilité, se lient avec eux et les conduisent enfin chez de pseudo-banquiers, somptueusement installés,