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PAR LES FEMMES.

dévôt, n’était autre que le chef roué d’une banque d’usure aux rouages innombrables comme on va le voir, et qui lui rapportait des sommes fantastiques.

Pourquoi cet individu qui tenait de ses parents une belle fortune, laquelle aurait largement suffi à ses besoins et à son luxe, et une honorable situation qu’il avait su jusqu’ici, avec un talent sans pareil, garder intacte, pourquoi cet individu était-il, de son plein gré, devenu un homme véreux, au risque de se voir un jour trahi par l’un de ses compères et déshonoré ?

C’est que l’argent était, après sa fille, sa plus grande passion, qu’il réussissait à dissimuler sous une charité bien ostensible et comme on le voit des plus intéressées. Et puis aussi — mais lui seul le savait — parce que depuis longtemps il ruminait un projet dont la réalisation devait lui coûter fort cher ; il rêvait pour sa fille un mariage splendide, qui émerveillât Paris et qui la placerait d’un coup parmi les plus nobles dames de la capitale. Et ses vues s’étaient portées sur le jeune duc de Valcerte.

Au premier abord, c’était insensé, mais le vieux bonhomme avait élaboré un plan