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PAR LES FEMMES.

appelés à vivre de longues années, son intelligence s’était développée prématurément. Étant sentimentale, elle était bonne et généreuse. M. Barnesse cultivait en elle, avec soin, ces qualités, car il était lui-même, disait-on, très bon et très généreux. Sa charité était même légendaire. Il ne se passait pas d’années que le Figaro ou le Gaulois n’annonçât quelqu’une de ses magnifiques aumônes. Il avait fait construire à ses frais, dans les environs de Paris, une maison de retraite pour vieillards, laquelle était dirigée par des sœurs, et il était, depuis fort longtemps, marguillier de sa paroisse.

Au reste, c’était un homme du monde accompli. Dans les salons de son hôtel, boulevard Malesherbes, se réunissait la haute société parisienne, et les personnes les plus scrupuleuses ne craignaient pas de l’appeler : cet excellent M. Barnesse, et de l’avoir pour ami.

Hélas ! À Paris, plus encore que partout ailleurs, les apparences sont souvent trompeuses. Il est des gens qui savent tripoter dans la boue sans se salir les mains. M. Barnesse était du nombre de ceux-là. Ce parfait homme du monde, cultivé, délicat et