Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
PAR LES FEMMES.

qui ne s’était jamais consolé d’avoir vu mourir de ce mal terrible une femme qu’il aimait, s’évertuait à écarter d’une enfant qu’il adorait et à laquelle il n’aurait pas survécu, tout ce qui eût pu occasionner une issue fatale : il n’était pas de peine, si légère fût-elle, qu’il ne s’efforçât de lui éviter ; il l’entourait de prévenances et multipliait les joies autour d’elle.

Hélas ! Habituée à voir tout lui céder et lui obéir, à ne rien désirer qu’elle n’obtînt aussitôt, Jane Barnesse devint ce que tout autre à sa place fut devenue, exigeante, capricieuse et fantasque. Son imagination, que ne vinrent pas calmer les tristes et décevantes réalités d’une vie qu’on lui dissimulait, se développa avec l’âge, se développa démesurément. Toute petite, elle était sentimentale à l’excès ; à dix-sept ans, elle devint romanesque. Réservée, un peu timide, presque sauvage avec les étrangers, elle s’ouvrait immodérément aux personnes qui l’entouraient, qu’elle avait l’habitude de voir et qui avaient gagné sa sympathie. Elle était alors exubérante, défaut que lui faisaient pardonner sa grâce et son esprit. Car elle était gracieuse au possible et, comme chez tous les êtres qui ne sont pas