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PAR LES FEMMES.

honorablement de ses rentes, que l’on soupçonnait grasses. Il remplissait son mandat de représentant de la nation avec un zèle qui satisfaisait ses électeurs ; toutes les promesses qu’il leur avait faites, il les avait tenues scrupuleusement, se distinguant ainsi et à son avantage, de la majorité de ses collègues. Rarement il montait à la tribune et s’il lui arrivait de prendre la parole, il ralliait aussitôt tous les suffrages, ceux même de ses adversaires politiques, car il était éloquent, persuasif, et, toujours modéré dans ses opinions comme dans leur expression, se faisait l’interprète du bon sens.

Il passait pour être dans la vie privée aussi bon père qu’il avait été bon époux. Le seul grief que formulassent contre lui ses intimes, c’était qu’il idolâtrait sa fille, jeune personne de dix-sept ans, à laquelle il ne savait rien refuser. Il faut dire que cette pauvre enfant, douée de tous les avantages physiques, portait en elle le germe d’une mort prématurée. Elle nourrissait à son insu la même maladie qui avait foudroyé sa mère, une affection cardiaque. Les médecins ne cachaient pas qu’un chagrin violent, une vive contrariété, suffirait pour la tuer. C’est pourquoi le père Barnesse,