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PAR LES FEMMES.

de lui ?… Peut-être se jouait-on de lui, ici !… Un éclat de rire l’exaspéra : il ne douta plus qu’on ne le tournât en ridicule.

Alors, il se prit la tête entre les mains, cherchant par quel moyen il pourrait bien se venger.

Quand il releva le front, il aperçut devant lui, souriante, la courtisane dans tout l’appareil de la séduction, lequel est pour ces femmes cette sorte de négligé plein d’apprêt qui laisse voluptueusement deviner ce qu’il ne permet pas de voir. Elle était vêtue d’un peignoir presque transparent et avait aux lèvres une cigarette. De la main, elle souleva le flot d’or qui lui couvrait les épaules : ce geste fit comme se mouvoir dans l’air les ondes fluides d’un parfum délicat et troublant. Elle s’approcha de lui, et ayant mis, à la manière d’un gamin, ses mains derrière le dos, elle s’inclina et lui offrit ses lèvres. Le peu de raison qui, à cette heure, restait encore dans la cervelle de Jacques s’envola avec le baiser qu’il mit sur cette bouche de satin.

Mais la jeune femme, dont les sens étaient en appétit et qui avait hâte de les satisfaire, ne s’arrêta pas longtemps à de vains préliminaires. Sans dire un mot, ayant sur les lèvres ce sourire provocateur qui fait com-