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PAR LES FEMMES.

ce qui lui arrivait. Quelle étrange aventure ! Voilà que tout d’un coup, en quelques heures, il était devenu l’amant de Marguerite Alcinde, de cette femme à l’attention même de laquelle il n’aurait jamais osé prétendre. Et ce n’était pas lui qui l’avait courtisée : elle s’était offerte. Et l’exclamation d’Emma lui revint à l’esprit : « T’es pas vilain garçon ! » C’était donc vrai. Une émotion intense, nerveuse, s’était emparée de lui, l’agitait maintenant. Ne pouvant plus rester assis, il se leva, marcha de long en large, inventoria la pièce jusqu’en ses moindres recoins, se rassit, prit sur une table un journal, l’examina distraitement, le replia, l’ouvrit de nouveau et enfin, ses yeux étant tombés sur la quatrième page, il s’y attacha, dévora les annonces, puis les relut mot à mot, plusieurs fois, comme s’il eût voulu les apprendre par cœur. Le temps lui semblait s’être arrêté dans son cours. Parfois, il jetait un regard sur la porte par où devait entrer Alcinde. Il prêtait l’oreille et entendait comme un vague murmure de conversation : c’était Marguerite qui s’entretenait, en se déshabillant, avec sa femme de chambre. Et tout d’un coup, il devint furieux : que disaient-elles, là, derrière cette muraille ? Peut-être se moquaient-elles