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PAR LES FEMMES.

et émaciés, et la plupart étaient vêtus de noir. Parmi eux se trouvaient quelques-uns des littérateurs, des compositeurs, des dessinateurs et des peintres les plus en vogue de Montmartre. Quand le triste déclamateur eut fini de dire la joie, il descendit de l’estrade. Un individu, pareillement vêtu d’une redingote, le remplaça. Il s’appuya sur un piano, qui commença de se plaindre, et il chanta. Il avait les mains dans les poches, un pantalon bouffant à la taille et qui finissait serré à la cheville. Pas un muscle de son visage ne remuait et il chantait sur un rythme uniforme. C’était « un sentimental ». Quand il eut fini, ce fut le tour d’un autre, un chansonnier « rosse », et puis d’un quatrième, qui faisait tout en chantant danser sur son ventre un tas de breloques, des pots de chambre, des cochons et des têtes de mort. Tous se ressemblaient par un point : ils avaient l’air, tandis qu’ils débitaient leurs œuvres, de penser à autre chose et de s’ennuyer très fort.

Enfin, on annonça Marius, le poète « décadent ». Un murmure approbateur accueillit son nom et les femmes se pressèrent amoureusement contre leurs amants. Marius parut. Il salua, ce qui lui valut des applaudissements.