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PAR LES FEMMES.

livrait son corps aux mains habiles et souples d’une femme spéciale qui le massait et le parfumait, elle se répétait, ivre de joie :

— Il est très beau garçon. Je le surveillerai. Il ne sortira qu’avec moi. Enfin, j’ai trouvé celui qu’il me fallait. Ma sœur dit que c’est son amant, mais ce n’est pas possible ; il est trop bien pour elle. Mais, s’il avait une autre maîtresse ? Ça, je le saurai. Non, il ne doit pas en avoir : il n’a pas l’air assez dégourdi. Il est vrai qu’il a les yeux malins et singulièrement expressifs !… Oh ! comme je l’aimerai ! Il me semble que je l’aime déjà ! Mais oui, je l’aime ! Dieu que je suis heureuse ! J’ai enfin un amant !

Sa toilette terminée, Alcinde déjeuna légèrement d’un œuf, de thé et de viande froide, et puis elle courut à un secrétaire, y prit une feuille de papier et écrivit :

« Cher Monsieur, »

Elle s’arrêta tout court, ne sachant que mettre.

— Il faut pourtant trouver un prétexte. Je ne puis lui dire de venir me voir, j’aurais l’air de courir après lui, ce serait ridicule.