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PAR LES FEMMES.

s’étonne elle-même de la lassitude et du dégoût qu’elle éprouve. Elle possède tout ce qu’elle désire, elle fait tout ce qui lui plaît. À quoi tient-il donc que la vie lui paraisse si triste et si monotone ? Que lui manque-t-il donc pour être heureuse ? Rien. Si fait, il lui manque quelque chose. Oh ! mon Dieu, ce qui manque à la plupart des femmes dont la noce est le métier, qui vivent de l’amour et qui ne le connaissent pas. Il lui manque un ami, c’est-à-dire un homme qu’elle aimerait et qui le lui rendrait. Le duc, elle le supporte volontiers ; c’est d’ailleurs un très aimable garçon, mais qui a trop d’argent pour qu’on puisse l’aimer : l’amour, même dans le monde de la noce, se donne mais ne se vend pas, et la femme qui dans un homme voit un entreteneur, ne peut y voir à la fois un ami. Au reste, le duc ne l’aime pas, elle le sait : comme tous les hommes frivoles, il est incapable d’aimer. Elle est belle, elle pare une avant-scène, elle est connue, personne à Paris n’ignore ce qu’elle coûte : la vanité du jeune prodigue est satisfaite et il se ruine, heureux de posséder le plus célèbre pur-sang et la plus enviée des maîtresses.

Donc, Alcinde, au milieu d’une foule d'ado-