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PAR LES FEMMES.

les coins ses armes — n’est-elle pas duchesse — et elle laisse son esprit rêvasser paresseusement, tandis que ses yeux suivent, distraits, la gaie farandole d’amours mignons et fleuris qui gambadent tout autour du plafond d’azur. Un rayon de soleil entre tout à coup comme un large flot d’or, remplit la pièce de sa clarté joyeuse. La jeune femme, les yeux éblouis, pousse un éclat de rire et se cache le visage dans les mains : chacun de ses doigts écartés, dont la chair translucide laisse traverser la lumière, se frange d’une lueur rosée de corail et dans ses cheveux d’or se joue l’or éclatant du soleil. Et elle se demande ce qu’elle va faire par cette belle journée. Il y a des courses à Longchamp, elle doit y aller : Brennus, dont son amant est le propriétaire, court et peut gagner. Après les courses elle ira à Madrid, où sa table est retenue tous les jours à six heures. Et puis, elle rentrera s’habiller, et puis elle ira dîner dans quelque grand restaurant, et puis elle ira au théâtre, et puis elle ira souper, et puis… la journée sera la même qu’hier, la soirée aussi, et la femme que tant d’autres envient, murmure :

— Dieu que je m’embête !

Et pourtant, quand elle y réfléchit, elle