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PAR LES FEMMES.

— Et un homme de devoir.

À ces dernières paroles, prononcées d’une voix douce et ferme par la mère Dubanton, Jacques releva les yeux.

— Oui, maman, dit-il, je resterai toujours digne de toi. Je n’oublierai jamais celle à qui je dois la vie et le bonheur, et ton seul souvenir sera ma meilleure sauvegarde !

— Bien parlé, mon fieu ! fit le père Adrien.

— Viens que je t’embrasse ! dit la vieille. Jacques se leva, alla à sa mère et se mit à genoux. Elle lui prit la tête dans ses mains tremblotantes, et ses lèvres sur le front du jeune homme déposèrent un baiser.

Le vieux, qui sentait l’émotion l’envahir, toussa, se frotta le nez, ce qui était chez lui un signe d’’agitation violente, et ayant enfin tiré de son gousset une grosse montre d’or :

— Allons, s’écria-t-il, il est sept heures et demie. Il faut une bonne heure pour aller à la gare : il est temps de partir, la voiture doit être attelée.

Et pour qu’on ne vit pas les grosses larmes qui lui venaient aux yeux, il sortit. La mère, elle, laissa échapper les siennes qu’elle ne pouvait plus retenir :