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PAR LES FEMMES.

qu’il retrouvait dans toutes les bouches. Était-il donc vrai qu’il en fût ainsi. Tous ceux qui se flattaient de connaître la vie étaient unanimes à l’affirmer. Il se rappelait la confession d’Emma, il se rappelait Crapulet et ses discours philosophiques, dont il avait ri jusqu’ici, parce qu’il ne les avait jamais pris que pour d’humoristiques dissertations, de spirituelles boutades.

Le vieux, lui frappant sur l’épaule, le tira de ses réflexions :

— Je vais vous poser une question, jeune homme, dit-il. Surtout, n’allez pas vous froisser.

— Demandez.

— Êtes-vous riche ?

— Non.

— Tant mieux. Vous l’eussiez été que je vous aurais dit : Ne revenez plus où vous êtes venu ce soir : il n’y a rien pour vous à gagner, il y a tout à perdre. Il vaut mieux, beaucoup mieux, que vous ne soyez pas riche.

— Mais c’est épouvantable, ce monde !… conclut Jacques.

— Peuh !… Le tout est de savoir y vivre. Je vous l’ai dit : la plupart s’y ruinent, quelques-uns y font fortune.