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PAR LES FEMMES.

— Un drôle de monde, que celui où vous faites vos débuts. Ces hommes que vous avez vus ce soir, et qui sans doute vous ont semblé les plus fortunés du monde, sont en train de se ruiner. Le petit blond, le duc de Valcerte — vous savez, l’amant d’Alcinde ― mange un million par an.

Jacques écarquillait les yeux, ouvrait les oreilles.

— Et celui qui a des moustaches en crocs ? demanda-t-il.

— Oh ! celui-là, il fait fortune. C’est un malin, le seul de la bande, ou à peu près : aussi il les roule tous et s’engraisse à leurs dépens. Il se nomme Berckem. Vous dire que c’est un honnête homme, non ; mais je puis vous certifier que c’est un habile garçon. Et à Paris, voyez-vous, mieux vaut cent fois être habile qu’honnête. L’un ne rapporte souvent que des déboires, du mépris, quelquefois de la pitié, tandis que l’autre rapporte de l’argent et de la considération. Vous êtes encore jeune, ce qui est un avantage ; vous manquez d’expérience, mais vous verrez. Croyez-moi, , si vous voulez : ce sont les gens sans scrupules qui ont le plus de chances d’arriver.

Jacques frémit en entendant ces paroles