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PAR LES FEMMES.

assiette, se pencha sur l’épaule de sa maîtresse.

— Eh bien !… lui glissa-t-elle, triomphante, nierez-vous maintenant que nous avons un prince !…

Madame Adélaïde commençait à être ébranlée. Après le dîner, qui fut court, parce que personne ne parla, on passa dans le salon et on y resta fort tard pour « le » voir partir. Les demoiselles Brisart, elles-mêmes, veillèrent ce soir-là jusqu’à dix heures, ce qui ne leur était jamais arrivé depuis vingt-cinq ans, qu’à Noël, parce qu’elles allaient à la messe de minuit, et le jour mémorable du retour de Jacques Dubanton à Paris. Elles se souvinrent d’avoir été au bal dans leur jeunesse : elles donnèrent des détails sur les toilettes et les danses d’alors. Olga esquissa un pas russe que l’on applaudit, et Crapulet, qui ne parlait jamais en public, raconta les bals de la Chaumière, à ce propos des histoires polissonnes, et prouva enfin qu’il n’y a pas de Dieu. Mais la pension Adélaïde était à ce point perturbée, que personne ne se leva pour le faire taire.

Jacques tira sa montre et annonça qu’il allait partir. Flora courut chercher une voiture. Il prit congé de l’assistance, serra cor-