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RÉMINISCENCE

La nuit élargissait son tranquille domaine,
Les monts dressaient aux cieux leur désir jaillissant
Et dans le fond du val la lune surgissant
Errait comme un beau rêve en blanc qui se promène.

Mon cœur en ce silence irradiait, exalté.
Il s’allongeait en onde, il emplissait l’espace.
Il était la nuit même et le souffle qui passe.
Il chantait, éperdu : je l’écoutais chanter.

C’était, tumultueux, comme des chants de gloire :
Une route s’ouvrait devant moi bondissant,
L’azur frémissait de soleil : j’avais quinze ans ;
Il me battait aux flancs des ailes de victoire !