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car il ha desja dit, ante coenam : & maintenant suyvant le mesme texte, il adjouste, In coena : comme nous dirions maintenant au second service. Pour Sumina, se peuvent dire des tettes des Truyes, qui ont nouvellement cochonné : les Italiens les nomment maintenant Scrofae : & pour Sinciput aprugnum, des groings de pourceau Sanglier : puis pour Patina piscium, des poissons cuits en saulse dedens la poësle, comme aussi Patina suminis, les tettes de Truye cuites tout de mesme. Pour Anates, Canes : pour Querquedulas elixas, Sarcelles bouïllies : Lepores, Lievres : Altilia assa, volailles roties : Amylum, de l’empois : & Panes Picentes, des pains de ce païs lá. Martial en ha escrit au troiziesme livre, en ceste maniere : Picentina Ceres niveo sic nectare crescit, Ut levis accepta spongia turget aqua. Il semble par tel apprest qu’on ne les servoit que de l’entree de table, & de second mets : Car ou il escrit Panes Picentes, on se peut douter, que c’est pour le dernier service : car il y failloit du pain pour manger avec les autres entremets, n’estoit qu’on les pensast tels que nos Goffres, Cassemuseaux, Craquelins, & Eschauldez. Toutesfois y ha encor autre soupeçon qu’on leur servoit l’issuë de table avec les fruits. Martial au quarente & huitiesme epigramme du dixiesme livre, ha dit en ceste maniere : Saturis mitia poma dabo. Toutesfois qui vouldroit en faire reigle generale se trouveroit court : car ne les Espagnols, Portugalois, Anglois, Flamans, Italiens, Hongrois, Almans, & touts autres subjets à l’Eglise Romaine, n’ont telle magnificence en leurs appareils en matiere de viandes, que les Françoys. Et de vray les Françoys ont je ne sçai quelle majesté plus grande : car on leur sert mille petits desguisements de chairs, pour l’entree de table, en diverses pieces de vaisselles : qui est plus pour la ceremonie, qu’autrement : esquelles lon met le plus souvent tout ce qui est de mol, & liquide, & qui se doit servir chauld : comme sont potages, fricassees, hachis, & salades. Ce premier service est ce qu’on nomme l’entree de table. Le second service est du roty & boully, de diverses especes de chairs, tant d’oyseaux que d’autres divers animaux terrestres : sçachant (comme dit est) qu’il n’est question de poisson à jours de chair. Mais encor que ce soit à jour de poisson, il y aura tel ordre au service, comme aux jours de chair : d’autant que lon sert aussi bien pour l’entree, & pour le second service, comme pour le dessert, qui nous est quasi commun avec les anciens. L’issuë de table ordinairement nous est de choses froides, comme de fruictages, laictages, & doulceurs. Il appert que ce qu’avons ja allegué, que les anciens servoyent chair, & poisson en leurs banquets. Mais c’est à s’emerveiller des Françoys, qui se delectent si fort en la variete des viandes tellement qu’au repas d’un simple bourgeois lon voirra deux, ou trois, ou quatre douzaines de vaisselles salies, qui sont assez pour empescher deux hommes un jour pour les nettoyer. C’est bien loing de la facon des anciens, qui en leurs grandeurs, & seigneuriës n’avoyent accoustumé mettre ne serviettes, ne couteaux sur table, n’en bailler à ceux qui venoyent manger avec eux. Martial l’ha signifié au douziesme livre en un long epigramme, en ceste maniere : Hermogenes tantus mapparum, Pontice, sur est, etc. Et sur la fin : Ad coenam Hermogenes mappam non attulit unquam : A coena semper rettulit Hermogenes. Toutesfois qu’en ce mesme epigramme il semble monstrer qu’il y avoit aussi des