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ou spherique tel qu’on dit estre es cieux, qu’en se faisant egalement, il fust perpetuël sans aucun repos. Toutesfois par nostre religion, ne pouvons conceder le mouvement des cieux estre perpetuël, joinct que les Egyptiens, Assiriens, & Gymnosophistes nous ont asseuré, qu’il fault quelques fois que le ciel se repose. On les doit croire en cecy, car leur science est si asseuree & vraye, que par l’observation qu’ils ont faicte du chemin de toutes estoiles, planettes, comettes, soleil, & lune, ils ont compté par infallibles regles d’Arithmetique, combien le soleil, lune, estoiles ou recule ou approche l’une de l’autre jusques à la moindre partie d’un degré, depuis plusieurs mil ans en ça. Pourquoy donc n’avouërons nous qu’ils puissent calculer, combien de temps fault que le soleil, lune, estoiles, & signes celestes facent de chemin avant venir à leur terme ? Nos anciens autheurs Latins & Grecs, nous en font foy, comme ferons voir au chapitre du Phoenix. Ce n’est donc erreur de croire qu’il n’est aucun mouvement perpetuël : ains que par necessité il doit avoir repos. La mer se regorge contremont & se remuë incessemment, toutesfois elle ha deux poses par chacun jour. Les arteres des animaux batent tandis que l’animal ha vie, si est-ce quelles ont manifeste repos, l’un en l’elevation, l’autre en la depression. Lon ne peut ainsi dire des rivieres, qui sont en perpetuël courant : car c’est que toute chose pesante tire contre bas à son centre, tout ainsi comme le feu, la fumee, & choses legieres montent contremont. Nous maintenons le Dauphin le plus viste des animaux, & qu’il n’y ha oiseau en l’aer, qui puisse voler si soubdain qu’il nage : toutefois c’est un poisson lourd à voir, & mal habile, lequel de propre nom François est dit un bec d’Oye & Marsouïn. Des-ja ne peut on dire que ses aelles soyent cause de si soudain mouvement : car elles sont si petites à la proportion de son corps, que celles d’un Milan, ou Irondelle de mer, estenduës dessus, les pourroye bien couvrir. Parquoy voulons sa celerité estre attribuëe à sa forme. Quand lon prend garde à quelque chose pour en faire recit, l’observation en est certaine : Et nous qui avons eu le vent en pouppe en mer calme acompaignez des Dauphins, avons peu prendre garde à leur vistesse. Ce n’est donc par la foy d’autruy qu’en avons fait le raport. Encor dirons d’avantage, un Hobreau poursuyvant l’Irondelle, n’aproche de la vistesse du Dauphin. Or maintenant faisants comparaison du soudain mouvement de l’oyseau fendant l’aer, & du poisson en l’eau, voulons en attribuër la cause à leur forme. Car la forme sert beaucoup aux mouvemens tardifs ou vistes : car comme le plomb, pierre, & tout metal peut nager sur l’eau s’il est en forme creuse, tout ainsi les oyseaux pour leurs diverses natures, volent plus pesamment ou plus legierement. Les uns ne peuvent voler sans faire bruit des aelles, les autres n’en font point du tout. Puis doncqu’ que les oiseaux volent en diverses manierres, il est aisé de les cognoistre selon la difference de leur voler, & marcher. Car il y en ha plusieurs qui en cheminant vont tousjours pas à pas. Les autres ne peuvent aller qu’en saultant, les autres en courant, les autres en jectant leurs pas devant eux. Et y en ha d’aucuns qui ne peuvent marcher sur terre, & qui ne cessent de voler, ou pour le moins s’arrestent bien peu. Les oyseaux qui ont grandes aelles, comme sont ceux d’ongles crochus vivants de rapine, ne sçavent gueres bien cheminer. Il y en ha qui pressent leurs aelles en volant, ayants seulement frappé l’aer un seul coup. Les autres ne peuvent voler, qu’ils ne remuënt souvent leurs aelles. Les uns ne s’eslevent de terre qu’ils ne jectent un cry avant que partir, contraires aux autres qui ne sonnent jamais mot. Les uns partants