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L’anatomie des ossements des oyseaux, conferee avec celle des animaux terrestres, & de l’homme.
CHAP. XII.


COmme les oyseaux sont de diverses natures, aussi ont les membres diversement façonnez : Et ainsi que l’exterieur monstre les membres proportionnez en grands ou petits, les os qui font le fondement de l’interieur, ensuyvent ce qu’on voit de leur exterieur. Ceux de rapine ont les os plus robustes que les palustres, & terrestres. Onc ne tumba animal entre noz mains veu qu’il fut en nostre puissance, duquel n’ayons fait anatomie. Dequoy est advenu qu’ayons regardé les interieures parties de deux cents diverses especes d’oiseaux. Lon ne doit donc trouver estrange si nous descrivons maintenant les os des oyseaux, & les portrayons si exactement. Car qui observera ceux des animaux à deux pieds, & les conferera à lencontrel’encontre des autres qui en ont quatre, n’en trouvera aucun, qui en se reposant ou dormant ne se couche sur les costez, hors mis les oyseaux qui sont tousjours sur leurs jambes. Il est bien vray qu’ils s’appuyent dessus leur poictrine, toutesfois il y en ha qui peuvent dormir sur un seul pied estants debout sans s’appuyer aucunement, ou bien se mettent sur les genoux, comme advient à ceux qui ont les jambes longues. Mais ceste consideration gist totalement es distributions que j’ay fait des oyseaux de rapine, palustres, terrestres, de bois, & des buissons. Qui prendra toute l’aelle ou la cuisse & jambe d’un oyseau, & la conferera avec celle d’un animal à quatre pieds, ou d’un homme, il trouvera les os quasi correspondants les uns aux autres : Car tout ainsi, comme si un homme se marchoit sur les ergots, c’est à dire sur les bouts des pieds, auroit le talon à mont avec touts les ossements du pied touts droicts, tout ainsi les bestes à quatre pieds se marchants sur les ergots, & ayants le talon, orteuls, & doigts touts droits, monstrent semblant d’estre en la proportion à la jambe d’un oyseau. Mais pour en faire voir telle experience que chasque paisant la puisse comprendre, à fin de ne perdre le temps en l’explication des parties, nous nommerons chasque os en particulier, & le confronterons avec ceux des autres animaux, & de l’homme. La description generale des os du corps humain est necessaire pour apprendre à discerner l’endroit qu’il fauldra medeciner, quand quelque patient s’adresse à nous pour avoir remede. Mais nous n’avons que faire d’en parler beaucoup en cest endroit : car estant ja descrite, & mise en portraicture par tant de personnes, ne pretendons escrire autre exposition d’icelle, sinon sur ce qui est requis pour enseigner comme nature se jouë diversement en ses œuvres, quasi comme si celle d’un animal dependoit de l’autre : & monstrer combien celle des oyseaux en approche, plus possible qu’il n’est advis au vulgaire. Parquoy voulons qu’on entende que mettons ceste anatomie des os humains seulement en comparaison de celle des oiseaux, promettants faire tout de mesme des autres animaux chascun en son endroit en noz commentaires sur Dioscoride en ceste langue. Qu’on tuë tel oyseau qu’on voudra, & qu’on luy rascle diligemment l’os de la teste (car c’est par la teste que voulons commencer nostre anatomie) on ne luy voirra aucunes coustures, ou suturers manifestes au test, toutesfois