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Or puis que trouvons merques qui nous enseignent la difference des oyseaux par leur exterieur, aussi pouvons cognoistre qu’ils sont dissemblables par leurs anatomies interieures. Aristote pour grand personnage qu’il fust, ne desdaigna les regarder & escrire par le menu, & en faisant l’anatomie d’un chascun, y trouva si grande utilité qu’il nous ha fait apparoistre beaucoup de choses cachees en nature, dont luy mesmes eust esté ignorant sans telle observation. Ce point pourra servir contre la calumnie de quelques personnes inutiles, qui en accusant les observations des hommes curieux, les taxent comme escrivants choses non necessaires : mais eux qui ne loüent, ou trouvent bon que ce qui est de leur façon, sont contents qu’on ne s’arreste sur leur ignorance. L’anatomie des parties interieures des oyseaux, est quasi correspondante aux autres animaux terrestres. Car ils ont aussi bien le jargueul, que les autres nomment l’artere, ou siflet, & la conformation de la luëtte à la racine de la langue, & de laquelle ils se servent à inspirer & respirer, en la serrant ou ouvrant, comme aussi en avalant leur manger à la maniere des autres bestes terrestres. Mais touts ne l’ont pas de mesme façon : car les oyseaux qui se plongent entre deux eaux, ont une cavité leans qu’on ne trouve es autres. Mais comme la diversité des voix des oyseaux provient de la diverse position du siflet, aussi celle voix haultaine que font les Gruës, les Oyes, & tels autres, provient de ce qu’ils l’ont autrement situé. Touts oyseaux ont les poulmons assez petits & sanguins. Aussi sont ils spongieux & membraneux, & sont moult aptes à s’enfler & estendre : parquoy l’inspiration & aspiration des oyseaux, est plus soudaine qu’elle n’est de touts autres animaux. Il semble que leurs poulmons sont de deux pieces. Le foye des oyseaux est de moult belle couleur sanguine, qui approche de bien pres celuy des animaux terrestres, & qui est aussi divisé en lambeaux, que les Latins nomment Lobi. Ils ont la rate moult petite, & y en ha qui n’en ont point du tout. Dioscoride au septantiesme chapitre du second livre De medica materia, ha expressement nommé le fiel de la Perdris, de l’Aigle, & de la Poulle blanche pour la maladie des yeux. Aussi Galien ha escrit que les fiels des Milans, & Aigles sont plus acres, & plus secs que des bestes terrestres, qui cheminent à quatre pieds. Les oyseaux n’ont point de rongnons, ne de vescie : mais ont des charnures qui resemblent à des rongnons. Tous oyseaux n’ont pas le jabot ou se reçoivent les viandes, avant entrer en jesier, les uns contre les autres : Car quelques uns n’en ont point, mais pour ce defaut nature leur ha baillé un gosier moult large & ample, qui est ce qu’on appelle l’herbiere. Il y en ha qui ont le jesier dur, charnu, & caleux : les autres n’ont ne jabot, je jesier. Les oyseaux masles ont les genitoires cachez au dedans, qui sont adjoincts aux reins. Quelques uns ont les membres honteux blancs, les autres les ont rouge : mais les femelles ont la matrice jusques au dessus des intestins, qui est moult deliee & mince, & fenduë en deux cornes. Touts oyseaux n’ont pas leurs os plains de mouëlle : comme aussi leurs os sont differents les uns aux autres. Car quelques uns les ont plus durs, & les autres plus mols, les uns plus lasches, les autres plus espois & compactes. Mais à fin qu’on puisse mieux entendre l’anatomie des os de chascun en son particulier, nous monstrerons leur culiere compaction pour les conferer aux nostres, & avec ceux des animaux terrestres.