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de leur pouvoir, reduire toutes choses en ce qu’on peut apercevoir visiblement, mettants leur derniere intention en la conservation & integrité de noz corps. Parquoy leur est necessaire estre exercitez sur la cognoissance, tant des exterieures que interieures parties des corps, non seulement humains, mais aussi des animaux, laquelle ne peuvent mieux aquerir que par la frequente dissection d’iceux. Mais comme avons des-ja dit, noz premiers precepteurs & excellents philosophes, comme furent Plato, & Aristote, qui en ont amplement escrit, avoyent leur but plus avant que les medecins, sçachants qu’il failloit avoir esgard à parler generalement de touts animaux pour avoir meilleure intelligence de celle de l’homme, & à ce propos parlerons presentement de celle des oyseaux.

L’anatomie des parties interieures des oyseaux.
CHAP. XI.


QUI trancheroit le corps d’un animal en pieces, assez menuës pour les considerer, & les voulust nommer par leur nom propre il ne sçauroit dire sinon les avoir mises en parts simples, ou composees. Car s’il met une aelle, une cuisse, ou une teste à part, il l’appellera partie composee, participante des os, chair, nerf, cartilage, membrane, ligament, vene, artere : & s’il depece la partie composee & qu’il tire chascune chose susdicte à part soy, alors elle sera nommee partie simple : car l’os, la chair, nerf, cartilage, ligament & autres, qui sont toutes parties simples, sont les principes & elements des bestes. Mais en termes de medecine, on les nomme parties similaires, & dissimilaires. Or pour mieux entendre les parties composees, qu’on nomme dissimilaires, dirons premierement que les os, les cartilages, la gresse, la mouëlle, les membranes, les ligaments, & la chair sont parties similaires, c’est à dire simples : car elles ne se peuvent diviser qu’en leurs semblables. Et les dissimilaires qu’on interprete composees ou organiques, dissimilaires instrumentaires, ou officiales, sont les aelles, jambes, col, & telles autres parties composees. Puis que la nompareille diligence & excellence divine n’ha rien fait sans cause, ne qu’on doive nommer superflu, lon maintiendra que l’observation de l’anatomie des animaux n’est point superflu, & sans utilité : Car comme ainsi soit qu’il n’y ait aucune petite partie es corps des animaux, qui ne soit faite à quelque usage, ou qui n’ait son office particulier pour aider l’action de quelque autre, il appartient bien à un homme soigneux & curieux de science, de s’enquerir & entendre la conjonction des parties simples, & composees, & production d’icelles. Monstrant ceste anatomie, dirons premierement que les os sont es corps des animaux tout ainsi comme les murailles d’un bastiment, ou les pauls à une tente : attendu que c’est par leur appuy que les corps se tiennent debout, ayant l’usage divers selon leur situation & figure, & difference d’office. Celuy donc qui voudroit ensuyvre l’ordre de nature & composer un corps, il luy conviendroit commencer par les os quasi comme donnant la matiere du premier fondement. Il n’est animal en quelque element que ce soit, qui pour le moins n’ait deux conduicts ouverts : l’un pour donner aliment & soubstenir le corps en vie, l’aultre pour mettre hors les superfluitez & excrements : mais touts animaux, ne sont pas munis dos.