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en Latin Cilia, ne sourcils nommez Supercilia, au moins qui soyent sur les yeux portant du poil, comme en l’homme & autres animaux. Il est bien vray que grande partie ont chose qu’on peut bien nommer sourcils, comme dirons des Faisants, Cocs de bois, & plusieurs autres. Les oyseaux ont deux pertuïs par dessus le bec pour odorer : lesquels on ne peut bonnement nommer narines. Aussi ont le bec sans dents, sinon que quelques oyseaux de riviere l’ont coché de telle maniere, qu’on peut dire qu’ils l’ont dentelé. Mais Aristote l’avoit des-ja escrit au chap. premier, du troysiesme livre des parties des animaux. Quinetiam aves (dit il) quae lato sunt rostro, radicesque esitant, & reliquarum victus similis, nonnullae serratum rostri extremum habent : ita enim herbarum carptus quo vivunt, facilius agitur. Les oyseaux n’ont aucunes levres. Mais pource qu’ils ont diverses manieres de becs, nature les leur ha donnez propres à leurs pastures : car elle ha baillé le bec crochu à ceux qui vivent de rapine : & à ceux qui vivent de vermine & chose tendres, octroya le bec graisle, & foible, dont l’ouverture de la gueule est assez grande : à ceux qui vivent de grains entiers, le leur bailla fort, & propre à mouldre. Car les oyseaux qui cassent le grain, avoyent necessité d’un bec court, & propre à le froisser avant que l’avaller. Quand aux palustres qui nagent sur l’eau, ils l’ont large, & crochu par le bout, au contraire des autres qui ont les jambes longues : car tels oyseaux ont le bec gresle, longuet, & le col long & delié, lequel ils peuvent tourner ça & la, oultre la maniere de faire des terrestres. Les uns ont le bec rond & droit, les autres l’ont voulté, & les autres l’ont tranchant. Aristote au mesme lieu en avoit des-ja parlé en ceste sorte. Avium rostrum utile ad victum cuiusque est : verbi gratia, roboriseci generis & corvini, robustum atque praedorum os est : minuti generis latum ad terrae fructus colligendos, & ad bestiolas capiendas idoneum. Tout ainsi que les oyseaux ont divers becs, aussi ont diverses langues : les uns l’ont courte, les autres large, les autres deliee, dont la plus part l’ont dure. Tous ceux qui nagent sur l’eau, ont les jambes & le col plus court que les autres palustres qui n’ont les pieds distinguez de membranes, desquels nageants sur l’eau se servent comme d’avirons, ayants toutesfois autant de doigts es pieds que les autres qui les ont distinguez. Tous oyseaux ont quatre doigts es pieds, excepté quelque petit nombre, qui n’en ont que trois. Aussi y en ha plusieurs qui les ont mipartiz, deux devant, & deux derriere. Les oyseaux d’ongle crochu, cheminent mal-aisement sur terre, & principalement ceux qui vivent de rapine. Les oyseaux ont une queuë, non comme les poyssons & bestes terrestres, mais un cropion, ou les plumes sont attachees, qui leur servent de gouvernail en volant : dont y en ha plusieurs, qui l’ont moult longue, & les autres courte. Il s’en trouve qui n’en ont point du tout. Touts ont les plumes fenduës & attachees à la peau, dont la racine est creuse : mais oultre les plumes, ils sont aussi trouvez avoir du poil. Les anciens, comme encor pour le jourdhuy les Grecs, Turcs, Arabes, Siriens, Perses, & touts autres hommes qui habitent en levant, n’ont aucun usage des plumes d’oyseaux pour se servir en leurs escriptures, comme nous faisons maintenant : mais ont des tuyaux de rouseaux ou cannes, qui est cause que nous ne pouvons exprimer tel nom en Latin que le nommer Calamus. Car lon ne dira Penna pour parler d’une plume à escrire. Mais parlant comme Aristote aux livres de natura & partibus animalium, dirons la tige ou caule : car ce qu’il ha nomme, les interpretes ont dit Caulis in pennus. Nous avons des-ja dit que les medecins s’efforcent