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naturelle Pline le nomme Umbilicus, par lequel l’oyseau se nourrist du myœu. Mais Hippocrates qui avoit escrit long temps avant Aristote, parlant des petits enfants au livre du partu (si le texte n’est corrumpu) entendit que les Poulsins s’engendrent du moyeu, & se nourrissent du blanc. Aristote au troysiesme chapitre du sixiesme livre de la nature des animaux, est d’opinion que le moyeu vient sur la glaire lors que l’oyseau couve, & qu’en ce temps la on peut voir le cœur resemblant à une petite goutte de sang dedens le blanc. Pline au cinquante & troysiesme chapitre du dixiesme livre traduisant ce passage, n’ha pas dit dedens le blanc, mais ha dit estre dedens le moyeu. Toutesfois Aristote veult que ceste goutte est celle qui donne le premier mouvement au Poulsin entretenant vie à l’animal, & qu’on la voit remuër & debatre, & que d’elle sortent deux petits rameaux qui se vont inserer l’un entour le blanc, l’autre pour entourner le moyeu, & se referer en la tunique, c’est à dire en celle pellicule, qui est dessoubs la coque de l’œuf. Ce passage d’Aristote nous donne argument de conferer ce que Galien ha escrit des autres animaux : car en lieu ou Aristote veult que le cœur soit formé le premier, Galien est d’opinion que ce soit le foye en l’homme, & non pas le cœur. Les œufs souventefois ont deux moyeux, aussi est ce de là qu’on voit le petit qui en sort estre monstrueux. Mais des œufs desquels les deux aulbins, & les deux moyeus sont separez, les petits en sortent separement, sans estre attachez l’un à l’autre. Comme nature ha assigné diverses saisons aux oyseaux pour faire leurs nids & pondre, tout ainsi elle leur a donné divers temps de couver : car les Poulles & Pigeons ponnent & couvent communement en toutes saisons. Toutesfois comme il y ha diverses especes de Poulles, aussy ponnent diversement : Car il y en ha qui ponnent deux fois le jour : mais d’autant que leur nature ne peut supporter telle violence, elles sont de moindre duree. Nous en parlerons plus amplement au chapitre des Poulles. Ce qui reste de la nature des œufs, se voirra au dixseptiesme chapitre de ce present livre, ou traicterons de la nourriture du petit, luy estant encor dedans l’œuf.

De la grandeur des oyseaux, & de leurs parties exterieures.
CHAP. X.


PUIS qu’avons proposé mettre la description des oyseaux suyvant les propres termes Françoys, il nous sera l’oysible d’en adjouster plusieurs autres, desquels les autheurs Latins, & Grecs ont fait speciale mention, qui sera pour la comparaison de plusieurs autres qui nous sont vulgaires, principalement de ceux qui sont particulierement nommez selon qu’Aristote les nous ha signifiez. Toutesfois ayants entendu quelque doubte qui demeure à esclaircir sur ceste matiere, cest à dire en la diversité d’iceux, qui pourroit arrester le lecteur, ce lieu sera à propos pour le donner à entendre. C’est que comme la terre est diverse selon divers climats, & est de diverses temperatures, & en laquelle vivent les oyseaux diversement temperez, par cela il y en pourroit avoir qui en mesme espece seroyent de diverses grandeurs, & grosseurs. Parquoy ne voulons estre excusez de faulte de ne distinguer la corpulence d’un oyseau, ou autre animal d’un païs, d’avec