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les œufs des Oyes, Canes, Poulles, & autres tels animaux, avec la chaleur artificielle : mais cela ne nous sembla trop nouveau : Car Aristote au sixiesme livre de natura animalium, au second chapitre avoit des-ja escrit, Incubitu avium foetum escludi, naturae ratio est non tamen ita solum ova aperiumtur, sed etiam sponte in terra, ut in Aegyp to obruta fimo puliciem procreant. Il y ha une chose en Suetone, que Pline raconte au cinquante & cinqiesme chapitre du dixiesme livre, qui est à noter en ce lieu, cest que Livie Auguste encor jeune, femme de Neron, grosse de Tibere Cesar desirant enfanter un fils masle, voulut en faire la prouve avec un œuf, lequel le tenant ordinairement en son sein, ou bien le baillant à une nourrice à fin qu’il ne refroidist, trouva bon augure : car comme il nasquist un poulsin male, aussi engendra son fils masle, qui fut Tibere. Touts œufs ne sont pas tousjours d’une mesme couleur : car les uns sont touts blancs, les autres palles, les autres de couleur de plomb, les autres bleuz, les autres rouges, les autres madrez de diverses taches : mais touts œufs sont naturellement de deux couleurs par le dedens, blancs & jaulnes, au moins si ce n’estoit que les oyseaux les eussent ja couvez : car ceux qu’ils ont ja couvez trois jours, sont particulierement nommez Schista. Ceux qui se corrompent par le temps chauld, dont le moyeu est depravé, qu’on nomme en Françoys œufs couvis, ou pourris, furent anciennement nommez Ova urina, ou Cynosura, & aussi Canicularis, & en Grec Ovrica. Les œufs ja couvez sont souvent corrompuz quand il fait grand tonnerre. Or comme les choses froides & humides sont conservees en leur estre naturel par leur semblable, c’est à dire en lieu froid & humide, tout ainsi qui veult engarder les œufs de se corrompre par le chaud, il les fault tenir en lieu frais, ou du dedens sel, ou tremper en saulmure. Les œufs tant des oyseaux, des Tortuës, des Lezars, des Chameleons, Stellions, des Papillons, des Saulterelles, des Cigales, des Escharbots, que des Phalangions, & des poyssons, & autres tels animaux, sont ponnuz separez l’un de l’autre, comme aussi ceux des Serpents : mais les Serpents ont l’industrie de les faire entretenir ensemble, combien toutesfois qu’ils ayent les coques durettes peu moins que celles des oyseaux. Les Limas tant de mer que terrestres ponnent environ une cinquantaine d’œufs ou plus, qu’ils enfouïssent en terre, dont puis sont procreez les petits limaçons : mais ceux de mer les attachent, & disposent par ordre contre quelque roche. Il y ha des herbes, qui en naissant font leurs germes envelopez en pomme, tellement que les autheurs ont appellé cela de nom d’œuf, que nous ferons plainement apparoir es commentaires sur Dioscoride en ceste langue, quand declarerons quelle chose est Ovum ferulae. Il y ha aussi quelque parties d’animaux ayants des œufs, comme est ce, qu’Aristote au dixhuittiesme chapitre du cinquiesme livre de la nature des animaux, ha nommé Ovum Polypi. Mais lon pourra voir cecy plus à plain au livre ou sont baillez les portraicts des poyssons. Lon trouve differentes opinions d’Hippocrates, d’Aristote, & Galien, touchant la nature des animaux, qui est advenuë à cause de l’œuf. Car Aristote au troiziesme chapitre du sixiesme livre de la nature des animaux, ha escrit toute la maniere, comme le Poulsin est couvé, & escloz de l’œuf, tout par le menu, qu’il semble avoir fait couver les poulles luy mesmes : & d’en parler beaucoup apres luy, ne seroit que repetition dicte deux fois. Il s’efforce en c’est endroit nous monstrer que l’origine du petit oysillon est en l’aubin, & que le germe est comme le nombril. Et de fait au cinquantedeuxiesme chapitre du dixiesme livre de l’hystoire