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dont ils ont prins origine. Les semences sont excrements des corps, qui ont leurs mouvemens tels que les substances dont elles sont sorties, & qui procedent de la derniere digestion de leur nourriture. La semence des masles esmeut l’excrement de la femelle, aprés qu’elle est entree en la matrice, de mesme mouvement que celuy qui est en elle mesme. Cecy est conforme à ce que dit l’axiome de Philosophie tant commun, Agens facit sibi simile. Mais la semence de la femelle estant aussi excrement, ha toutes les parties du corps en vertu qui en sont engendrees, non pas en action presente, mais seulement en matiere, & les parties en puissance : par lesquelles nature ha faict la femelle estre differente au masle, & dont il advient que quelques fois les animaux contrefaicts engendrent des enfants contrefaicts, l’une fois masle, l’autre fois femelle. L’estre de la femelle est comme d’un masle mal acompli, & les purgations comme de semence impure. Quand les animaux envoyent leurs semences sans que la femelle en conçoive pour celle fois, elles tumbent lors au conduict ou est reçeu le genital du masle. Car il fault que la semence qui ha vertu d’engendrer, & dont la femelle conçoit, entre par l’entree ou bouche estroicte en la matrice : Car il y ha une ample cavité leans donnee pour contenir le fruict qui en est engendré. Et ce que le ventre de la femelle reçoit de la semence du masle, est la partie la plus pure. Car comme il y ha quelque partie inutile es menstrues, tout ainsi est en la semence de l’homme. La raison pourquoy plusieurs masles (comme advient à ceux qui sont Eunuches de Nature) n’ont point de semence servant à generation, & aussi que les femelles qu’avons comparees à un Eunuche, sont steriles, est, que l’animal estant defini avoir un corps animé, prend tousjours sa matiere de la femelle, laquelle nature n’ha enduré estre privee de matiere genitale pour la formation : par ainsi il est necessaire que le masle baille le commencement de l’emotion d’engendrer. Car c’est luy qui ha la vertu & force de formation en forme, & la femelle est comme baillant la matiere. Parquoy un animal vivant ne peut consister, sinon de la mixtion du masle en la femelle assemblez à c’est effect : comme aussi fault que le petit prenne sa grandeur & croissance de la femelle, n’ayant rien à faire du masle, depuis qu’il ha prins son commencement de sa semence par la vertu de l’excrement de la femelle, qui est tel en puissance que l’animal est en sa nature. Ceste est la prouve demonstrant qu’il prend sa corpulence de la mere, & la vie de son pere : car l’ame est ce qui fait qu’un corps est substantiel, sans laquelle il ne se peut maintenir en vie. Le pere, c’est à dire le masle, est comme autheur & ouvrier de quelque besongne : & la mere cest à dire la femelle, est comme la matiere de laquelle l’ouvrier forme son ouvrage. Par ainsi nulle femelle ha puissance d’engendrer aucune chose, qui puis devienne en vie avec ses sentiments, sinon par la commixition du masle : car tout animal ne prend vie si ce n’est pas la semence du masle, qui en baille le commencement à l’excrement de la femelle, c’est à dire la matiere dedens la matrice : car alors s’eschauffants ensemble, se couvrent de telle petite crouste qu’est celle que nous voyons sur la boullie refroidie. Et estants ainsi attachez à la matrice, prennent leur croissance jusques à la fin. Les nouveaux Anatomistes, c’est à dire ceux qui ont mis leur estude à voir les parties interieures des animaux, ont prins occasion de tel passage d’estre contraires à Galien. Car si Galien veult entendre que le petit estant au ventre de sa mere, est entourné tout à l’entour d’une membrane nommee Chorion, c’est la mesme opinion d’Aristote,