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Des qualitez de diverses generations tant des oyseaux, que des preparations pour la purgation, avant la conception des animaux.
CHAP. VII.


NATURE considerant l’aage de touts animaux, voulut avoir esgard au profict tant des oyseaux que des autres bestes. Car elle ha prefix certaines saisons en l’annee à un chascun pour accoupler les masles avec les femelles, & leur ha assigné le temps de leurs portees, laissant liberté à l’homme de choisir telle saison qui luy seroit agreable pour s’adjoindre à sa femelle : n’estoit qu’il se trouvast debile. Car de touts animaux on ne cognoist que la jument, & la femelle de l’homme, qui prennent plaisir de se joindre au masle, pendant qu’elles sont pregnantes. Mais l’homme n’estant contraint à la susdicte loy des autres animaux, est rendu plus enclin en temps d’hyver à l’execution de cest acte, comme au contraire sa femelle y est plus prompte en temps d’esté. Et pource que l’homme avoit à vivre longuement, elle ne luy ha pas octroyé en sa puissance d’engendrer environ l’huictiesme jour de sa naissance, comme ha faict aux Poux : ou environ deux mois comme aux Verons, & plusieurs autres petits poissons : ou environ trois, ou quatre mois, comme aux Lievres, Rats, & Souriz : ou environ six ou huict mois, comme à plusieurs petits oyseaux : ou dedans neuf, ou dix mois, comme aux Porceaux : ou dedens quinze, ou seize mois, comme aux Ouailles, Vaches, Chevres, Chiens, Loups, & Regnards : ou dedens deux ans, comme aux Chevaux, & Asnes : ou dedens trois ans, comme aux Chameaux : ou dedans douze, ou quinze ans, comme à l’Elephant : ains ha voulu que ce fust vers la seziesme ou dixseptiesme annee, qui est le temps que le sexe est en sa puberté, c’est à dire, que le poil follet commencé à couvrir les parties honteuses, lors que les hommes commencent à se declarer par leurs barbes, & les femmes par leurs mammelles & purgations. Car si lon voit les femmes porter enfants, ou avoir purgations dés la douziesme, ou treziesme annee, & les jouvenceaux avoir engrossé leurs femelles dés ce temps la, c’est contre le devoir de l’aage : joinct qu’il faut croire que l’homme de tel aage n’ha encor pouvoir de bailler semence parfaicte, attendu que le commun cours de nature est assez tost à la quatorziesme annee, & d’estre en vigueur environ la vingtiesme. Toutesfois d’autant que le masle & femelle commencent à se cognoistre plus tost, & plus jeunes, d’autant plus en deviennent ardents sur leur aage. Soit admis que les femelles peuvent bien estre grosses autant le temps qu’a esté dict : toutesfois il fault penser que c’est d’un homme ja en aage competent, pource que la semence des jeunes est infeconde, comme il appert par l’exemple de ceux qui sont des-ja par trop vieux. Car comme un homme de bon aage peut engrosser une femelle d’aage encor juvenil, tout ainsi peut estre en l’endroit d’une de bon aage en l’endroit d’un jouvenceau : comme au contraire, ne l’homme par trop jeune ne peut en l’endroit de la femelle d’aage competent, ou bien quand il est par trop envieilly. Toutesfois ne voulons attribuer ceste tardive d’engendrer à la longueur de l’aage : Car lon voit au sexe des chevaux, qui ont vertu d’engendrer dés la deuxiesme annee, avoir puissance de continuer toute leur vie, dont les femelles durent souvent jusques à quarante