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pense estre la semence des femelles n’est pas vraye semence, & qu’elle ne sert rien à la conception, adjouste que les femelles conçoyvent le plus souvent sans y mettre rien de leur propre : c’est à dire qu’elles engendrent de la seule semence du masle : & aussi que souventesfois les semences des deux sexes sont concurrentes en mesme temps & en semblable plaisir, & toutesfois les femelles ne concevent pour cela. Et si bien la femelle reçoit souvent autant de plaisir de l’agitation du masle, sans toutesfois qu’elle espande rien de sa semence, & l’autrefois sans avoir eu plaisir ne d’elle, ne du masle se sent avoir esté engrossee, il faut dire que la seule semence du masle jectee en la matrice ja preparee apres les menstrues, est cause de la generation, & suffisante à la conception. Il est necessaire pour la conception, que l’humeur des purgations ait premierement temperé mediocrement la matrice, & que ce soit aprés qu’elles ont coulé. Il faut donc attribuer la force d’engendrer à la semence du masle, & ne penser que l’excrement des femelles, que lon pense estre semence, le soit : car cela est seulement vapeur telle que sentent les hommes jeunes encor impuissants en la conjonction des deux sexes. Car il advient que ceuls de trop jeune aage se mettants en devoir de lexecutionl’execution de cest acte, combien qu’ils n’ayent encor puissance de mettre leur semence, toutesfois ne laissent de prendre delectation de certaine vapeur qu’ils sentent en l’emotion pour l’attouchement tel qui est en l’endroit de quelques hommes qui n’ont puissance de donner aucune semence. L’experience en est des Eunuches, qui ne sont exempts de prendre plaisir pour euls, & donner delectation aux femelles sans genitoires, & toutesfois ce seroit abus de penser qu’ils aient puissance d’engendrer. C’est la cause pourquoy ils ont aucunement moult pleu à certaines dames Romaines, & femmes des Empereurs qui les avoyent en delices, dont le peuple n’en sçachant la raison, ne aussi Martial, s’en est esmerveillé. Soit donc faite comparaison de la nature d’un homme bien jeune, ou d’un Eunuche, c’est à dire un chastré, à celle d’une femme. Car la femme est comme un masle sans semence : & les Eunuches hommes effiminez. Car comme les Eunuches ont la voix, & le visage de femme, & sans barbe, aussi estimons qu’il n’est en leur faculté naturelle d’avoir puissance d’entendrer. Pour laquelle raison estants exempts de tous excrements, deviennent aucunement gras. Mais pource que les femmes ont affaire du sang de la derniere digestion de leur nourriture pour leurs purgations, pensons que leurs purgations sont de la mesme matiere que la semence des hommes. Ce n’est donc merveille si à leur comparaison les masles, qui n’ont que faire de tel sang, & qui ont leur semence toute entiere, en ont plus grande quantité, & sans comparaison en donnent plus souvent qu’elles. C’est de la qu’on juge les hommes de nature plus chaulde.